Parloir Sauvage au CRA le 11 février 2023

RDV à 11h00 devant le théâtre l’’Aire Libre à Saint Jacques de la Lande

pour se rendre collectivement au

Centre de Rétention Administrative (CRA)


Pourquoi faire un parloir sauvage ce samedi 11 février ?

Car c’est le jour la Coordination régionale Bretagne-Pays-de-la-Loire-Normandie solidaire des personnes immigrées se réunit à Rennes. Donc, si par hasard, certains arrivaient en avance et voulaient se joindre aux Rennais, cela serait super.


C’est quoi un parloir sauvage ?

Un parloir sauvage consiste (depuis 2007, création du CRA de Rennes) à aller au CRA, à s’approcher au plus près des personnes retenues, et à échanger collectivement avec elles sur ce qu’elles vivent dans le centre de rétention. Ça permet de récolter et médiatiser leurs paroles, en plus du boulot déjà fait par la Cimade, et d’avoir un œil sur les pratiques policières dans le centre. Nous essayons de faire venir les médias lors de ces parloirs.

Concrètement, on se retrouve donc dans le bourg de St Jacques de la Lande, devant le Théâtre l’Aire Libre (place Jules Vallès), et on va collectivement devant le centre de rétention, munis d’escabeaux car le centre est entouré de bâches assez hautes. On monte sur les escabeaux et on parles aux retenus. La police nous écoute et nous observe.

Il n’y a aucun risque à cette action.


Compte-rendu

Ce samedi 11 février à 11h nous étions une trentaine à aller au centre de rétention de St Jacques pour un parloir sauvage.

Plusieurs militant.e.s d’autres villes, brest, Redon, Caen, Morlaix, étaient présent.e.s.

À noter :
– le centre est en travaux et n’a désormais qu’une 30aine de places, mais il est « plein » avec une 30aine de retenus.
– une quinzaine d’hommes sont venus nous parler
– la présence policière était là mais discrète; l’une des seules choses positives que les retenus ont dit, et c’est rare, était que la police était « gentille »
– puisque désormais les retenus sont quasi exclusivement des personnes qui ont été condamnées à de la prison, les personnes qu’on a vues étaient « enfermées » depuis longtemps, l’un d’eux depuis 3 ans, victime de ce passage sans fin entre prison et rétention…
– « la prison c’est mieux, ici y a rien »
– « on est traités comme des animaux »
– « il fait froid y a pas de chauffage »
– « on est pas des délinquants pourquoi on est là? »
– la nourriture est mauvaise, pas assez copieuse, et parfois périmée
– double dose d’absurdité pour notamment des algériens présents: ils n’ont aucun papier du pays, donc l’état doit demander à l’Algérie un laissez-passer pour les expulser, mais l’Algérie n’en délivre pas. Pour autant, ils restent enfermés 90 jours… 
– sur l’accès aux soins: les retenus disent ne pas être soignés, pas pris au sérieux par le médecin, qui dans tous les cas ne donne que du Doliprane. Ou des anxiolytiques pour les shooter.
– il y a eu 2 tentatives de suicide le mois dernier (ingestion lames de rasoir), beaucoup de tensions entre les retenus, pour de la nourriture, des cigarettes, parce qu’il y a trop d’ennui, de sentiment d’injustice et d’angoisse 

Globalement, les retenus sont tristement lucides sur le système dans lequel ils sont: sans papier, pas le droit au travail, sans travail, t’es sans revenu, tu es amené à voler, tu te fais choper, ce qui t’amène en taule, puis on veut t’expulser, on n’y arrive pas, tu sors, et hop, rebelote.

Après beaucoup d’échanges, nous sommes repartis en criant des slogans.
Notamment, mollement, « pierre par pierre, et mur par mur, nous détruirons les centres de rétention ». Mollement parce que de fait, nous ne les détruisons pas, ces centres de rétention.

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