Après plusieurs heures de silence, nous reprenons les CR de nos actions à Rennes.
Comme vous le savez déjà, en tant que Collectif de soutien aux personnes sans-papiers mais soutenu-e-s par d’autres réseaux associatifs, nous étions installé-e-s depuis jeudi soir au TNB, avec près de 40 personnes dormantes (34 personnes à la rue + soutiens).
Hier vendredi, le lieu occupé a reçu la visite de plusieurs journalistes, avec des reportages assez longs mobilisant la parole des personnes à la rue. Voir notamment un reportage de Radio France Bleue Armorique, diffusé je crois ce matin samedi à 7 h 30. Idem pour Actu Rennes. Ouest-France et Le Télégramme ont aussi relayé nos actions mais disparition de la télé.
L’AG du vendredi soir a réuni une quarantaine de personnes (trentaine de soutiens, dizaine de personnes à la rue).
Nous avons alors décidé les actions-surprise du jour (voir le CR ci-dessous) puis nous avons distribué des centaines de tracts aux spectateur-e-s du TNB avant de gérer la bouffe des personnes à la rue (dépenses du Collectif à prendre en compte).
La nuit s’est à peu près bien passée pour les personnes à la rue, avec 4 soutiens en plus qui dormaient. A 10 h, compte tenu de notre engagement envers le TNB d’évacuer aujourd’hui, toutes les affaires ont été sorties dans trois voitures.
CR de la matinée de samedi…
Avant d’aller investir un nouveau lieu ce soir (secret bien sûr, même si les autorités semblent informées de ce qu’on va décider avant même qu’on le décide…), nous avions décidé hier en AG d’aller occuper la mairie centrale autour de deux revendications :
1) des hébergements bien sûr même si c’est de la responsabilité de l’Etat
2) la possibilité de parler à la mairie, même subrepticement (ben oui, on en est là dans ce monde de mutisme de nos autorités modernes qui, même au niveau municipal, préfère nous envoyer les flics plutôt que de nous parler ou même nous avertir qu’elles envoient les flics).
Nous étions une quarantaine à 11 h à République et, collectivement (25 personnes à la rue enfants compris et 15 soutiens), nous avons investi l’état civil rue victor hugo. L’occupation était imposante alors nous nous sommes divisé-e-s entre dedans et dehors, avec beaucoup de banderoles dehors et dedans. Nous bloquions les portes en continu de manière à pouvoir circuler librement.
4 médias étaient présents (OF, LT, AR, RFA) et sont restés jusqu’au bout.
Comme à notre habitude, nous n’avons pas dérangé le fonctionnement du service d’état civil et nous avons distribué des tracts pendant que la direction essayait en vain de joindre l’élue de permanence, rattachée au groupe communiste. Au bout de 30 minutes, la police municipale a investi le bâtiment mais sans nous gêner dans notre action. Puis ce fut au tour de la police nationale (2 policiers) qui ont cherché à nous demander nos identités mais nous avons refusé, alors ils sont partis.
Après une heure d’occupation, nous avons demandé à la direction et à la police M si on pouvait au moins obtenir un « oui ou merde » de la mairie puis on s’engageait à quitter les lieux sans évacuation policière. Mais direction et PM étaient aussi démunies que nous puisqu’on ne leur disait rien.
A la fermeture du lieu, ce qui a divisé nos forces entre dedans (10) et dehors (30), nous étions en train d’anticiper une évacuation policière lorsqu’un policier municipal de plus, très sympathique, est arrivé et nous a lu une réponse de la mairie.
Ce fut donc une première victoire : nous avons obtenu que la mairie nous parle quand nous manifestons.
Mais ce ne fut pas tout. Même si nous ne pouvons détailler le message car il nous fut lu à l’oral et le policier municipal avait ordre de ne pas nous en fournir une version écrite ni de nous laisser l’enregistrer, nous avons compris que :
1) dans le cadre des rendez-vous habituels avec le réseau d’associations investies au parc de maurepas, la mairie s’engage à donner un RV la semaine prochaine mais on ne sait ni quand ni où (bon là, vu la formulation, on ne sait pas si c’est un résultat de l’action de ce matin ou pas sachant que le Collectif ne fait pas partie du réseau d’associations concerné) ;
2) la mairie nous redit qu’elle ne cesse d’interpeller le préfet pour qu’il héberge les personnes à la rue dans le cadre de ses responsabilités légales ;
3) assez curieux : la mairie dit qu’elle « relayera nos revendications auprès du préfet qu’elle a saisi » (formulation de souvenir puisqu’on n’a pas eu le droit d’avoir le texte) = est-ce à dire que la mairie va demander au préfet d’arrêter d’associer distribution d’hébergements et tentatives d’expulsions comme lors de la dernière évacuation des gayeulles ? Nous ne savons pas mais, comme nous nous la jouons optimistes, nous applaudissons la mairie pour cet appui historique dans notre combat contre les pratiques déloyales du préfet quand il héberge.
Après cette victoire éblouissante (qui ne fait certes « que » laisser les personnes à la rue dans la même situation…), nous avons évacué spontanément le lieu occupé puis décidé de renoncer à une distribution géante de tracts place de la mairie (décision d’AG d’hier).
Nous avons écouté le CR au dehors puis dissolution avant des retrouvailles d’ici quelques heures pour lancer une nouvelle « occupation-amie »… puisque les gens à la rue sont toujours à la rue…
A noter, parmi les innovations, que deux nouvelles personnes du Collectif ont répondu aux médias ou fait le CR au milieu de tout le monde. Pouvoirs, tremblez, le Collectif se déspécialise (un peu)…
Allez, à très vite…