Le collectif de soutien aux personnes sans-papiers de Rennes appelle à un
PARLOIR SAUVAGE
AU CENTRE DE RETENTION ADMINISTRATIVE (C.R.A)
RDV LE SAMEDI 18 DÉCEMBRE à 10h30
devant l’Aire Libre, 2 Rue Jules Vallès, 35136 Saint-Jacques-de-la-Lande (Bus C6 et 57 – Arrêt Aire Libre)
Amenez vos escabeaux pour pouvoir nous hisser au dessus des bâches et parler aux retenu.e.s à l’intérieur!
BILAN |
Nous étions une quinzaine de soutiens à participer ce matin au parloir sauvage au centre de rétention de St Jacques.
Comme vous (ne) le savez (pas) peut-être, le commandant est devenu une commandante et ça a changé deux-trois choses.
D’abord, une voiture de police nationale était déjà là quand nous sommes arrivé-e-s. Puis, lorsque nous avons contourné le centre pour aller nous placer au lieu habituel, nous avons eu la surprise de voir arriver 5 policiers en civil avec brassard police (la BAC ?) plus trois policiers en uniforme de la police nationale (sans compter les habituels pafistes qui patrouillaient à l’intérieur du centre entre nous et les retenus).
Ensuite, les policiers en civil ont beaucoup pris de photos et noté scrupuleusement nos plaques d’immatriculation, ce qui créait une ambiance de fichage un peu étouffante. Rien à voir en tout cas avec l’habituelle désinvolture des pafistes quand illes nous surveillaient de l’extérieur sans police nationale.
Enfin, une femme qui venait de Brest pour visiter son conjoint a été interdite de parloir « à cause » de notre manifestation et, du coup, elle est venue participer au parloir sauvage pour voir son conjoint (elle devait y retourner l’aprem en parloir individuel).
Côté retenus, sur les 20 enfermés, nous n’en avons vu que 5, surtout des tunisiens. Les récits sont restés assez conformes à d’habitude (enfermement horrible, dépression, parfois nourriture périmée, sentiment d’ennui, etc.).
Nous retiendrons surtout les échanges suivants :
* « Ils se débarrassent de moi comme d’un kleenex » a dit l’un = un artisan tunisien a longuement expliqué sa situation qu’il jugeait particulièrement injuste puisque en couple en France et surtout là depuis 25 ans ; il aurait été victime d’un changement de préfecture lors de sa demande de renouvellement de titre de séjour, le retard dans son renouvellement de son nouveau lieu de résidence ayant induit qu’il se retrouve sans-papiers et qu’il se soit fait arrêter (selon son avocat, il allait être libéré au JLD dans l’aprem selon ses dires)
* un autre a raconté l’expulsion d’un tunisien qui a eu lieu à trois heures du matin il y a deux jours avec menottes à l’appui, ces interventions nocturnes de la PAF créant de l’angoisse collective
* un autre a évoqué le fait qu’il était père d’enfant française (il ne cessait de nous montrer les photos de sa petite fille) mais, ayant fait de la prison, il a été transféré directement au CRA pour expulsion, alors qu’il est aussi convoqué devant le JAF pour avoir le droit de visite de sa fille (mais son expulsion interviendra sans doute avant le JAF donc il ne reverra pas sa fille de si tôt)
* plusieurs ont aussi évoqué leur présence en France depuis 2014 ou 2016
* ils étaient tous au courant du suicide d’un retenu tunisien qui a eu lieu au CRA de Oissel il y a quelques jours (près de Rouen)
* le problème des allers-retours prison-CRA a aussi été évoqué, notamment par l’un qui en est à un an d’enfermement (9 mois en prison, 3 mois au CRA), et visiblement pour des refus de se faire tester avant expulsion
* le même que le précédent a déclaré « Hier, j’ai avalé une lame de rasoir, elle est encore dans mon ventre »
* nous avons à nouveau entendu que « la CIMADE, ça sert à rien, ça change rien », sans bien comprendre s’il s’agissait d’une remise en cause de l’association ou de son impuissance (comme de la nôtre)
* un autre est arrivé en courant et en criant : « sortez-moi de là, sortez-moi de là, faites quelque chose » ; mais nos explications sur notre impuissance n’ont pas eu l’air de le convaincre alors il est reparti
* l’un a dit que le CRA, « ça ressemble à Guantanamo »
* enfin, nous avons longuement discuté avec la femme qui venait de Brest dont nous ne détaillerons pas l’histoire tant que son conjoint sera enfermé. Sachez juste que, lors d’une déposition à la police de Brest, elle a entendu une policière lui dire « Fallait pas se mettre en couple avec un arabe ». Ce même « arabe » qui, dans le camion l’amenant au CRA, a entendu un policier dire “On va te ramener dans ton pays de merde”.
Dernier élément : nous avons pris des photos de toutes les saloperies que le racisme d’Etat est aussi capable d’inventer pour faire en sorte que les retenu-e-s se fassent mal s’illes essayent de s’évader : des barbelés à plusieurs endroits et des espèces de ceinture avec des pics de 15 centimètres qui entourent les poteaux extérieurs, histoire que les évadé-e-s s’arrachent les mains, les seins ou les couilles en tentant de fuir. Du bel ouvrage liberticide.
Des fois, on plaint Le Pen et Zemmour car il leur en faudra de l’imagination pour aller plus loin dans l’architecture raciste et violente.
Voilà, c’étaient les infos banales de l’ordre migratoire français avant la grande catastrophe…